Henri Lindegaard :

La Bible des contrastes

Vue d'ensemble

À noter : Cliquez sur les trois images ci-dessus pour découvrir une sélection de dessins et de textes tirés de La Bible des Contrastes, choisis parmi ceux qui ont été reproduits sur Internet et ailleurs. L'objectif de ces trois pages est non seulement de présenter ces œuvres, mais aussi d'illustrer leur portée et leur actualité, plus de 30 ans après leur première publication.

Publiée en 1993 après une souscription lancée par le théologien strasbourgeois Jérôme Cottin (1), La Bible des contrastes (2) rassemble les dessins bibliques à l'encre noire d'Henri Lindegaard, accompagnés de ses méditations poétiques qui reprennent et éclairent les dessins.  Cet ouvrage représente un point culminant de son travail de pasteur, de poète et d'artiste, car les dessins et textes circulent déjà depuis longtemps.  À titre d'exemple, un texte intitulé Au bord de la vie publié dans Semailles en avril 1963, est éventuellement devenu, 30 ans plus tard, le texte plus condensé et vigoureux Feu de braise dans La Bible des Contrastes (voir cette comparaison des deux textes, et voir Écrits sur ce même site pour d'autres exemples).   

Toujours d'après Cottin (3), les dessins se caractérisent par « des formes stylisées faites d'aplats noirs et blancs qui se répondent, s'interpénètrent, s'appellent. Certains sont plus narratifs, d'autres plus symboliques en ce qu'ils mettent en valeur non le récit dans son ensemble, mais un geste, un objet, une situation. » On peut trouver dans la citation suivante de Lindegaard (4) une explication de ce style épuré de tout détail accessoire : « Au cours de mon ministère je n'ai pas voulu dissocier l'audible du visuel. Mais je me suis méfié des images qui représentent, enferment, immobilisent. Je me suis borné à tracer des signes qui se voudraient parlants pour indiquer, comme le doigt de Jean-Baptiste, l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. »

Les citations suivantes mettent en relief le caractère original et unique de La Bible des Contrastes

Une approche interprétative, parfois audacieuse, fait de ces dessins non pas de simples illustrations bibliques, mais beaucoup plus une relecture vigoureuse et actualisante des textes des Écritures.
Peintre, l'artiste est également poète, et chaque dessin est accompagné d'un texte qui conjugue harmonieusement poésie, explication du dessin, paraphrase biblique et humour.

                                                           Cottin (5)

Je suis impressionné par la rigueur et la puissance interne contenue dans les dessins de La Bible des Contrastes d'Henri Lindegaard, leur habileté plastique, intelligence et capacité d'évocation. Je considère que cette œuvre picturale est un apport original dont je ne connais pas d'équivalent dans l'histoire de l'art. 

           Olivier Tric (1936-2024), architecte et écrivain nantais

La Bible des Contrastes paraît aussi un an plus tard en édition allemande (6), commentée ainsi par Cottin (7) :

Il est tellement rare qu'un livre de théologie ou de spiritualité écrit en français soit traduit en allemand qu'il faut saluer cet événement comme un succès [...]. [Je] ne pensais pas que l'ouvrage, publié en 1993 serait, deux ans après, quasiment épuisé dans l'édition française, et déjà traduit en allemand. [... J'ai] déjà pu constater qu'il était utilisé dans les paroisses allemandes, par le biais des Gemeindebriefe (bulletins paroissiaux), qui reproduisent un certain nombre de dessins que nous connaissons par ailleurs bien.  

Les nombreuses petites découvertes que l'on peut faire en parcourant La Bible des contrastes, ainsi que l'interaction poétique entre le dessin et le texte, ne manquent pas de nous émerveiller et d'encourager une réflexion plus profonde, comme le montrent les exemples suivants :

Dans Pour la mort ou pour la joie, on voit les mages devant Hérode et l'étoile qui les guide vers la naissance du Christ. Un parallèle est établi entre l'étoile et la couronne d'Hérode, toutes deux ornées de cinq pointes surmontées de perles :

« Il y a un lien entre l'étoile et la couronne d'Hérode. Mais la couronne va tomber, alors que l'étoile est ferme dans le ciel. On peut désigner l'étoile, on peut recevoir sa lumière, mais on ne peut mettre la main dessus : elle est pour tous les hommes et pour tous les temps. »


La version de Lindegaard de la parabole du bon Samaritain, Mon prochain ?, est écrite de manière inhabituelle et originale, du point de vue de la victime des brigands. Le début du récit la situe en chemin vers Jéricho, plongée dans une réflexion :

« Quelles limites tracer à la sollicitude ? Qui dois-tu considérer comme un prochain ? » 

Le dessin, centré sur les visages de la victime et du Samaritain, identiques et juxtaposés comme ceux de frères siamois, apporte sa réponse à la fin du récit : « Je le sais maintenant : mon prochain c'est lui ; son prochain c'est moi. »


À Ninive transforme cette ville antique en une cité contemporaine.  Lindegaard y représente même des usines avec leurs cheminées, dont la plus grande se termine en tête de clou perçant les nuages, lesquels prennent la forme de la paume et des doigts d'une main : « clous qui montent vers le ciel, comme la méchanceté des Ninivites blessant la main bénissante du Seigneur ».

La référence christologique que Lindegaard intègre dans ce dessin, ainsi que dans d'autres illustrations de récits de l'Ancien Testament, témoigne, selon Cottin (8), de l'influence de la théologie christocentrée de son professeur Wilhelm Vischer (voir la page Parcours de ce site).

Affaire de prière est un dessin tout en mouvement, capturant Jésus dans l'acte de renverser la table d'un changeur. Les pièces tombent à terre tandis que la main fébrile et avide du changeur dépasse le cadre du dessin dans un vain effort pour rassembler l'argent éparpillé. Des pigeons s'échappent d'une cage brisée (on les entend presque prendre leur vol, dans un froufrou d'ailes et de roucoulements !), amplifiant le chaos de la scène.

Quelques touches d'humour allégent le caractère dramatique de cette composition : un pigeon confondant une pièce d'argent étincelante avec une miette de pain ; les visages consternés de deux personnes, cachées derrière une colonne du temple, espionnant le spectacle ; et jusqu'au titre lui-même, qui, en faisant rimer 
« affaire » avec « prière », relève le paradoxe d'un temple où la prière et le commerce se côtoient.

Dans un véritable message d'inspiration écologique, le texte établit un parallèle entre le temple, pollué par les marchands, et la planète - ce temple divin - saccagée par notre cupidité insatiable : « Seigneur, aie pitié de ceux qui polluent le monde, ton temple, pour faire des affaires.  Chasse-les encore maintenant afin qu'ils trouvent en toi, quand ils sauront ce qu'ils font, un lieu propre et silencieux où ecouter le Père. »

Dans Allez le texte décrit (en commençant par le bas et en tournant dans le sens des aiguilles d'une montre), les disciples qui « se prosternent devant   lui », ceux qui, se tenant à l'écart, « ont des doutes », ceux qui sont en marche, pour qui « le rayonnement du Christ est chemin d'obéissance », ceux qui ont « la main tendue vers celui qui leur a tout donné : ce qu'ils ont à apporter au monde, c'est de lui qu'ils le tiennent ». Jésus est au centre : 

D'une main il les envoie : - "Allez !"
De l'autre il les soutient : - "Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde."

On voit comme Allez, ainsi que d'autres dessins de La Bible des contrastes, ont été qualifiés par Cottin de véritables « prédications visuelles » (3). Il explique que ces dessins sont en effet issus des prédications de Lindegaard :

Dans sa paroisse, devant différentes assemblées, après avoir lu le texte biblique, Lindegaard se mettait devant un panneau blanc, et là les figures, les personnages apparaissaient sous sa main. [... Il] montrait à quel point le dessin n'était pas une banale illustration du texte biblique, mais une interprétation, théologiquement orientée. [... Lindegaard] visait un langage total, qui parle aux sens sans pour autant négliger l'intellect, qui puisse s'adresser aux gens simples comme aux personnes cultivées. [...Il] avait repris un des souhaits de Luther qui voulait, lui aussi, diffuser la Bible au plus grand nombre, par la parole et par l'image.

Pour consulter l'ouvrage sur Internet, cliquez sur le bouton ci-dessous. Après un enregistrement gratuit on peut    « l'emprunter » pour une lecture d'une heure à la fois. Malheureusement, les reproductions des dessins sont très imparfaites, car elles apparaissent sur un fond gris.  Or, pour apprécier pleinement les dessins selon Lindegaard, « il faut que les noirs soient bien noirs et les blancs bien blancs ».

RéférencesCliquez sur les titres soulignés pour accéder aux articles. 

(1) Jérôme Cottin, « Lindegaard, ou la puissance des contrastes », Réforme,‎ n. 2478, octobre 1992
(2)  Henri Lindegaard, La Bible des contrastes : méditations par la plume et le trait, Labor et Fides, 1993, réédition augmentée, Réveil Publications, 2003 (réimpression 2024)
(3) Jérôme Cottin, « Henri Lindegaard, pasteur et peintre (1925-1996) », Protestantisme & Images,‎ 2004
(4) Daniel Clavairoly, « Prédication et liturgie », Foi et Vie,‎ Vol. 96, n. 3, juillet 1997, p. 23

(5) Jérôme Cottin, « Henri Lindegaard, La Bible des contrastes. Méditations par la plume et le trait. Préface de J. Cottin, (Essais bibliques 22), Genève : Labor et Fides, 1993 » [compte-rendu], Études théologiques et religieuses, 68-3, 1993, p. 467-468
(6) Henri Lindegaard, traductrice Hanne Holch (préf. Andreas Mertin), Biblische Kontraste : Meditationen in Bild und Wort, Éditions La Colombe, 1994
(7) Jérôme Cottin, « Biblische Kontraste, Meditationen in Bild und Wort, Auteur : Henri LINDEGAARD », Protestantisme & Images, 2004
(8) Jérôme Cottin, « Préface
», La Bible des contrastes : méditations par la plume et le trait, Labor et Fides, 1993, p. 6-7

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